SUR LA BONNE PENTE
Alliage réussi de récit d’aventure alpine et de réalisme magique, ce premier roman se présente comme l’un des plus prometteurs de la rentrée d’automne
Parmi les premiers romans récemment parus, celui-ci mérite assurément qu’on s’y attarde. Par sa tonalité singulière, à la croisée de plusieurs sources d’inspiration, par sa poésie, son impressionnante maîtrise d’écriture et la profusion de sens qui en résulte. Publié par une maison d’édition marseillaise tournée vers l’histoire de la musique « sans distinction de genre ou d’époque » et vers des textes francophones « sensibles au lien qui unit l’homme à la nature », il illustre à merveille la capacité de découverte de structures petites et moyennes, à l’écart des mastodontes qui se partagent la plus grosse part du marché. Installé dans une vallée de l’Oisans, après avoir parcouru les chemins de Compostelle, suivi l’itinéraire de Stevenson dans les Cévennes et s’être aventuré dans l’Himalaya, son auteur propose aujourd’hui un texte surprenant, sans guère d’équivalent dans le paysage romanesque, dont le titre annonce d’entrée de jeu l’originalité de l’inspiration.
Emporté dans les vertiges d’une écriture
Précédée par une citation en épigraphe de Friedrich Nietzsche, lui-même familier des vertigineux paysages de l’Engadine, « qui sait respirer l’air de mes écrits sait que c’est un air des hauteurs, un air vigoureux », l’insolite fiction se présente d’abord sous la forme d’un conte, à moins qu’il ne s’agisse d’une parabole, « Notre histoire commence dans un nuage, bien au-delà de la Terre, bien au-delà des montagnes ». Pour tout de suite après paraître virer au récit d’aventure alpine, traditionnel façon Roger Frison-Roche ou nouveau genre tel le manga « Le Sommet des Dieux » : « Foutue neige ! » grogne Gaspard en passant ses moufles sur son visage rougi pour en ôter les flocons. Malgré ses skis habillés de peaux de phoque, il s’enfonce dans une poudreuse abondante ». D’entrée de jeu, Simon Parcot désigne ainsi les deux pôles entre lesquels le récit de la matérialité hostile des hauteurs alpestres et de l’immédiate proximité d’un au-delà évanescent en même temps sinue. Fondé sur la connaissance intime de l’Alpe, comme sur l’imaginaire, les légendes et les peurs. Dans ce cadre original se déroule l’aventure d’une cordée au plus fort d’une tempête de neige et d’une avalanche, dans une ambiance d’Apocalypse. Une femme et trois hommes à l’approche du Bord du monde, montagne mythique dépassant de loin les plus hauts massifs terrestres, dont aucun regard humain n’eut jamais l’acuité suffisante pour en apercevoir un jour le lointain sommet.
La possible première pierre d’une œuvre